Une petite histoire des terminaux de paiement
Les terminaux de paiement font désormais partie intégrante des outils essentiels des commerces, des évènements culturels ou autres, des points de vente, des corners, des shops éphémères comme de toute surface de vente. Leur développement est étroitement liée à l’évolution des technologies de paiement et au progrès des communications, ce qui leur confère une histoire riche et en perpétuelle évolution.
En France, les cinq banques françaises créent la première carte bleue dans les années 1967 pour lutter contre les américains (American Express et Diners) qui tentent de s’introduire sur le marché français. C’est une carte en plastique qui permet tout d’abord d’effectuer des retraits en espèces aux distributeurs de billets. Elle autorisera ensuite le paiement chez les commerçants par l’intermédiaire du premier lecteur de cartes bancaires. L’histoire des terminaux de paiement commence.
Le premier lecteur de cartes bancaires : Le Sabot ou Fer à repasser
Sur les premières cartes bancaires, les informations inscrites sont en relief : nom, prénom, adresse, numéro de compte. Lors du paiement chez les commerçants, ces inscriptions permettent d’identifier le compte du porteur et la lecture de ses coordonnées bancaires. Pour lire ces informations, le premier lecteur de cartes est créé : le fer à repasser, aussi appelé sabot. Les informations en relief sur la carte bleue permettent au fer à repasser d’imprimer sur une facturette les coordonnées bancaires du porteur grâce à l’utilisation d’un papier carbone. Le client signe la facturette qui est ensuite transmise à la banque par le commerçant pour effectuer la transaction à distance.
Le premier terminal de paiement électronique
Dans les années 1970, les premiers terminaux de paiement électronique ont été introduits. Ils étaient souvent connectés à une ligne téléphonique fixe et nécessitaient la saisie manuelle des informations de la carte par le commerçant. Ces terminaux fonctionnaient avec des bandes magnétiques sur les cartes de crédit pour effectuer la transaction. Cette innovation permet aux porteurs de pouvoir effectuer des retraits en espèces aux distributeurs automatiques de billets 24h/24h et 7j/7. Aux États-Unis, la création de cette carte fait apparaître le premier terminal de paiement dit « électronique » qui permet la lecture des données bancaires du client et sécurise le paiement. En effet, ce terminal permet d’accéder au solde du compte du porteur pour valider ou refuser le règlement. Le porteur doit toujours signer la facturette. En 1980, ce moyen de paiement se généralise principalement aux États-Unis.
L’apparition de la carte à puce mémoire
Au cours des années 1980 et 1990, les cartes à puce (ou cartes à puce) sont devenues populaires. Ces cartes contenaient une puce intégrée qui stockait les informations de paiement et les protégeait par des mesures de sécurité plus avancées. Les terminaux de paiement ont été mis à jour pour prendre en charge les cartes à puce, nécessitant désormais l’insertion de la carte dans le lecteur plutôt que la simple glissade. La carte à puce mémoire permet de communiquer avec la banque du porteur en direct pour autoriser ou refuser le paiement.
Les premiers terminaux de paiement mixtes pouvant lire à la fois les cartes à bande magnétique et les cartes à puce apparaissent en 1983 avec des fabricants tels que : Electronic CKD, Ingenico, Sagem et Dassault. À partir de 1992, la puce mémoire est obligatoire sur l’ensemble des cartes bancaires. Cette évolution provoque une transition technologique en France entre le fer à repasser et le terminal de paiement électronique (TPE).
La naissance du code confidentiel et l’apparition des TPE à clavier.
Le terminal de paiement avec un clavier apparaît en 1990. Il demande la saisie du code confidentiel du porteur pour effectuer un règlement ou retirer de l’espèce aux distributeurs. Dès lors, les terminaux de paiement (TPE) sont en constante évolution. En 1997, apparaît le premier terminal de paiement (TPE) portable, suivi des terminaux de paiement 3G, Bluetooth, le lecteur de cartes mobile, le paiement sans contact, le terminal de paiement (TPE) mobile ANDROID, …
Pour acheminer les informations entre le TPE et la banque du client, la première solution mise en place se basait sur le réseau analogique (en France, celui de France Télécom). C’est ce qu’on appelle le système par RTC : réseau téléphonique commuté. Dans ce cas, le TPE est filaire, installé à côté de la caisse, et ne doit pas être déplacé. C’est un TPE fixe RTC. Les TPE RTC modernes disposent d’un écran et d’un clavier pour saisir le code PIN. Pour plus de confort en caisse, il sont dotés d’un Pinpad, un petit clavier mobile placé à portée du main du client.
Le système IP/ADSL est nettement plus rapide que le système RTC, puisqu’il utilise la vitesse de transmission d’informations d’une box ADSL. On dit d’un terminal de paiement communiquant par internet que c’est un TPE fixe IP. Depuis 2021 il n’est plus possible d’utiliser le réseau analogique RTC et tous les terminaux fixes sont passés à une connexion numérique IP pour échanger leurs données avec les banques.
Le terminal sans fil
Autre évolution technologique qui a modifié les habitudes des français et le fonctionnement des TPE, l’arrivée du téléphone portable. Ce sont les technologies liées à la téléphonie qui ont permit de rendre les TPE vraiment mobiles.
Cette technologie a permis aux terminaux de paiement d’offrir aux professionnels itinérants la possibilité d’accepter les paiements par carte bleue où qu’ils se trouvent : sur les marchés, dans un food truck, durant les salons…
Avec la norme GPRS, puis la 3G et la 4G, les données sont envoyées et reçues où que l’on soit, à condition d’avoir un appareil équipé d’une carte SIM. Plusieurs acteurs low cost se sont lancés depuis quelques années sur le marché pour permettre à un maximum d’entrepreneurs et de commerçants d’accéder à la mobilité.
Le terminal de paiement ANDROID.
Mais n’allons pas trop vite, en 2019, un nouveau modèle de terminal de paiement (TPE) fait son apparition sur le marché : Le TPE Android, un terminal de paiement mobile avec un système d’exploitation Android qui permet au commerçant d’accéder à de nombreuses fonctionnalités et applications de gestion de l’encaissement. Équipé d’un écran tactile, l’interface est comparable à celle d’une tablette, d’un smartphone sous Android. Les mises à jour de ce TPE sont effectuées à distance automatiquement. Cette solution autorise l’encaissement tous types de cartes bancaires, cartes titres restaurant, et aussi la lecture de code-barres, la prise de commande, la signature, etc. Il fonctionne en connexion IP, 3G/4G, Wifi et Bluetooth.
Le lecteur de carte pour smartphone
Plus petits et plus légers que les TPE mobiles professionnels, de nouveaux terminaux de paiement électronique sont en train de se faire une belle place dans le monde de la monétique. Ces petits boîtiers ne possèdent pas de carte SIM mais sont reliés par Bluetooth à un Smartphone et associés à une application dédiée. Particulièrement adaptés aux commerces itinérants qui réalisent peu de transactions par carte, et pour qui l’achat ou la location d’un TPE mobile professionnel ne serait pas rentable, ces lecteurs de carte se démocratisent. Depuis leur naissance au début des années 2010, ce sont des fintech qui commercialisent ces mini TPE mobiles.
Sans engagement ni abonnement, ils sont assez économiques à l’achat si on les compare aux TPE mobiles professionnels. La commission sur les transactions est par contre plus élevée que celle que pratiquent généralement les banques. Ces TPE ultra mobiles semblent avoir un bel avenir puisque des banques françaises ont décidé d’entrer en concurrence avec les fintech en lançant leurs propres offres de lecteurs de carte pour smartphone.
L’innovation du paiement sans contact
Dans le domaine du paiement électronique, le paiement sans contact a constitué une petite révolution, comparable à celle de la carte à puce. Il est rendu possible par l’émergence de la technologie NFC (Near Field Communication), elle même dérivée de la technologie RFID. La technologie NFC permet la transmission d’informations à un périphérique, situé à une distance maximum de 10 cm. Dès 2010, les banques ont commencé à équiper les cartes bancaires avec le système NFC, et les premières expérimentations avec TPE sans contact ont eu lieu à Nice la même année. Le paiement NFC fonctionne aussi bien avec une carte qu’avec un téléphone.
Destiné à régler de petits montants (20 euros maximum à l’origine, 50 euros aujourd’hui) , il suffit simplement d’approcher la carte bancaire du TPE. En 2015, seul 15 % des français l’avaient déjà utilisé et 60 % d’entre eux le trouvaient “inutile” (Sondaxe Odoxa, 24 janvier 2015).
Le paiement sans contact a tout de même fini par se déployer et selon le Groupement GIE Carte Bancaire, le nombre de transaction a connu une croissance de 63 % entre 2017 et 2018, avec un seuil de 2 milliards d’euros échangés atteint.
Tous les TPE équipés du système NFC peuvent de ce fait accepter les cartes bancaires sans contact, ainsi que les achats par Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay, Paylib, et tous les systèmes qui utiliserent le système NFC pour les paiements (bracelets cashless, bagues, puce sous cutanée, etc).
Le TPE biométrique
Les Terminaux de Paiement Électroniques, comme tout objet technologique, sont sujets au progrès technique et à l’innovation. En plus du code PIN et de la puce, il est désormais possible d’utiliser des données biométriques pour authentifier l’utilisateur au moment du paiement.
C’est en effet la grande nouveauté d’un des derniers TPE d’Ingenico (Move 2500/B) équipé d’un lecteur d’empreinte digitale.
Ce système consiste pour l’utilisateur à poser l’index sur un lecteur d’empreinte intégré au TPE, ce qui augmente significativement la sécurité de la transaction, et pourrait même dans le futur remplacer la carte bancaire. Le principe de la biométrie est en quelque sorte d’identifier des individus en fonction de leurs caractéristiques biologiques. Les applications les plus connues de la biométrie sont par exemple la reconnaissance faciale, l’utilisation des empreintes digitales, l’analyse de l’iris ou encore de la voix. Ce système appliqué aux passeports est, par exemple, utilisé dans certains aéroports dotés de portiques biométriques, analysant les données de votre passeport biométrique en plus d’effectuer une reconnaissance faciale.
Et à l’avenir, ce sera sans contact et multi support ?
Téléphones, montres, bracelets, empreintes, voire puces sous cutanées… Les supports bancaires et les TPE ne sont pas en reste en ce qui concerne leur avancée technologique. Le paiement mobile, sans contact, et multi support semble être l’avenir du paiement électronique, voire du paiement tout court puisque l’argent liquide tend à être de moins en moins utilisé, même pour régler de petits montants.
La sophistication des terminaux de paiement qui ne cesse de croître pour répondre à des besoins en évolution rapide, tant en matière de sécurité qu’en matière de facilité de service, ont conduit à un important mouvement de concentrations industrielles qui seront confrontées dans les prochaines années à des défis majeurs. Avec l’expansion phénoménale d’Internet, les terminaux de paiement ont évolué et ouvert la voie à de nouvelles méthodes de paiement en ligne, telles que les portefeuilles électroniques et les paiements par token. L’espace unique des paiements en euro (SEPA, Single Euro Payment Area) a en effet conduit à une importante mutation de cette industrie, à des besoins accrus d’une gestion globale des paiements et à l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché.
Tous ces changements amènent inéluctablement le monde de la monétique et des TPE à connaître des changements aussi radicaux que ceux des dernières décennies.
Plusieurs technologies commencent à s’afficher, comme le « multiple purpose tap qui va permettre de prendre en charge diverses actions en un seul geste : payer en même temps qu’on passe sa carte de fidélité ou encore valider des titres de transport pour plusieurs membres de la famille d’un seul coup. Ces évolutions voulues par le NFC seront mises en place d’ici 2028.
Dès la fin de l’année 2023, un portefeuille numérique développé par les banques européennes, va remplacer Paylib en 2024. Si l’objectif est de rivaliser avec Visa et Mastercard, les géants de la carte bancaire, ce système souhaite également se faire une place à côté de Apple, Google et PayPal. Il s’agit d’assurer la souveraineté de l’Europe dans les paiements et face à ces poids lourds, la partie n’est pas gagnée. L’idée est de packager une offre complète de services de paiement : entre particuliers, aux professionnels, en ligne, en magasin basée, non pas sur la carte bancaire, mais sur le transfert direct compte à compte, grâce au virement SEPA instantané.
En résumé, l’histoire des terminaux de paiement n’est pas terminée …